– Voilà, se réjouit Abel. C'est pas une bonne idée de faire connaissance ?
Il me cogne du coude et lance avec un rien de cérémonie :
« Elle, c'est Manon. Elle fait dans les fleurs, elle tient boutique à Clucinge.
Lui (il me pointe du doigt), c'est Monsieur Constantin… »
Il s'interrompt tandis que son regard s'appesantit sur moi. Je cligne des yeux nerveusement.
Directeur de la communication, c'est très bien sur une carte de visite, mais c'est impossible à mimer.
Épicier, boulanger, garagiste, j'aurais su expliquer à quoi servaient mes bras ! J'ai peur tout à coup que mon
métier n'existe pas…
Ce livre est paru chez l’Harmattan en mars 2004 (couverture de Jeanne Teston).
Une très belle histoire humaine, avec en toile de fond la montagne omniprésente.
L'auteure nous conte avec tendresse et bonne humeur les désarrois d’un directeur de la communication parisien se retrouvant temporairement privé de sa voix à la suite d’une opération chirurgicale sur les cordes vocales. Parti abriter sa convalescence dans les montagnes qui l’ont vu naître, Constantin Vegaz a tout prévu sauf le verglas, le renard qu’il évite sur la route, et son chien qui s’échappe…
Egaré à sa poursuite, le héros trouve refuge à Torchebise, chez un couple de vieux. Emma et Abel vivent installés hors du temps. Rien chez eux ne ressemble au quotidien de Constantin. Muet, incapable de se définir sans paroles – et comment expliquer par gestes “directeur de la communication” ? – il se retrouve mis en face d'une réalité qui l'oblige à une sincérité oubliée.
À tout moment, l’histoire rebondit entre ces deux univers opposés : le monde professionnel de Constantin, bavard, industrieux, où le client reste une image virtuelle souvent très mal cernée. Et le monde de Torchebise, modeste hameau torchant la bise au milieu de nulle part, à l’image de son environnement âpre et grandiose.
Torchebise existe. C’est un petit hameau perché en Haute Savoie sur la commune d’Habère Lullin. Mais si Torchebise a inspiré ce livre, le livre ne raconte pas l’histoire de Torchebise. Ça n’est pas un roman du terroir. Il touche, d'une façon beaucoup plus générale, au problème du relationnel dans notre société férue de communication. C'est une histoire à l’éloge du silence, et de la communication quand elle s’enrichit des cinq sens.
« Chez Emma, on respire l'heure avant de la lire. On se parle en présence, et on partage la même soupière. »
Qu'on ne s'y méprenne pas cependant. Loin de l'auteure l'idée simpliste d'encenser la montagne et de mépriser la ville ! Torchebise se contente de nous dépeindre la crise très personnelle d'un homme de 50 ans, en dissonance complète avec sa profession et son mode de vie, et qui recherche en lui de nouvelles valeurs. Sagesse et sérénité ne sont pas l'apanage des montagnards, mais des cœurs éveillés !
Originaire de Sciez.... De famille paysanne.....J ai aimé votre roman ...... TORCHEBISE...BRAVO c'est un souffle d'air frais ....pour les ( pauvres ) citadins que nous sommes devenus. Au plaisir de vous lire encore........