La maison d'Aimée lui fit l'effet du paradis. Le nom d'Aimée ne se contentait pas de conjuguer le verbe aimer, il était l'amour.
Comme le prouvaient l'émotion de sa mère, la colère chaleureuse de son père qui bénissait son retour plus qu'il ne maudissait
son escapade, les transports de ses sœurs, l'émoi des servantes et l'élan du chien.
Georgette se tint coite au milieu de l'exaltation générale, un peu comme le jockey gagnant descendu de cheval et dont
on fêterait essentiellement la monture. Jusqu'à ce qu'Anouk, la plus petite, vienne lui prendre la main avec un regard
plein de curiosité.
– T'es de la famille ou t'es juste une bonne copine ?
Elle l'entraîna vers la terrasse baignée de lune.
– Seulement une bonne copine, soupira Georgette qui s'enlisa dans les bras d'un fauteuil d'osier vaste comme un lit.
C'est là qu'on lui servit d'abord une citronnade égayée de rhum puis des pistaches fraîches et d'exquis beignets au fromage. Ni les saveurs de ce souper improvisé, ni les parfums de cette nuit chaude (en Auvergne, même les nuits d'été étaient fraîches) ne devaient l'ahurir autant que cette brusque envie de jeter sa patrie aux oubliettes et de terminer là sa vie, sous les torrents roses des bougainvilliers.
Publié chez NiL en 1998. En 1999, son auteure reçut le prix de la Plume de l’espoir, décerné par la Société des Auteurs Savoyards. En février 2005, Le roman de Georgette a fait l’objet d’une adaptation télévisée sur France 2. Le film, avec plus de six millions de téléspectateurs, aurait battu les records d’audimat des trois principales chaînes. On peut regretter cependant une adaptation exagérément libre du roman…
Nul n’est à l’abri du bonheur ! Même les âmes les moins douées peuvent voir un jour le soleil se souvenir d’eux. Dans cet esprit-là, l’histoire de Georgette Bidet est un véritable baume au cœur des plus désillusionnés.
Fille-mère, désargentée, Georgette a trimé toute sa vie derrière des balais, avec la certitude d’avoir tout raté, amour et famille. À soixante ans, sa vie ressemble au tunnel du métro qu’elle enfile tous les jours pour aller travailler : des lumières chiches et beaucoup de noir tout autour.
Figure désabusée, elle compte encore sur le hasard pour lui offrir une télévision en couleur. Mais un concours des Biscottes Haldebeurre lui inflige le premier prix : un voyage dans les îles, en Extrême Orient…
Elle part à contrecœur, effrayée de tout, et va découvrir là-bas contre vents et marées, un optimisme et un courage insoupçonnés…
Du roman de Georgette, Xavier Roussin a écrit dans Point de Vue :